Evènements

vendredi 8 mars à 20h: projection du film "L'Aigoual, la forêt retrouvée"

Au petit Hall, la projection du film sera suivie d'une présentation de l'association "Nant en transition" , d'un débat et d'un moment convivial animés par "Nant en Transition"
aigoual

Le film "L'Aigoual, la forêt retriuvée"

 

Une histoire de reconquête

Les études révèlent l'influence majeure des activités humaines sur les dynamiques végétales. La déforestation s'est propagée avec l'intensification des pratiques pastorales à l'époque gallo-romaine, puis au VIIIe s. avec le développement de la culture du châtaignier sur les flancs de l'Aigoual et des céréales en plaine, et plus tard au XIIIe s. la culture de l'olivier à l'étage méditerranéen.

A partir du XVIIIe siècle, les forêts furent surexploitées pour satisfaire les besoins en chauffage, en charbon et l'essor des industries de verrerie, forges, soierie, etc. L'économie cévenole reposait sur la châtaigneraie, la sériciculture (élevage du ver à soie) et le pâturage transhumant. Avec la disparition progressive des deux premières activités, la pression du pâturage s'accentua sur la végétation et les sols. En 1850 il ne restait plus que 2.200 ha de bois sur ce qui allait devenir la forêt domaniale de l'Aigoual (aujourd'hui de 16.124 ha). Ce déboisement entraîna une érosion majeure des sols et des crues catastrophiques.

La mise en œuvre des lois de restauration des terrains de montagne (1860, 1864 et 1882) par Georges Fabre (pour le côté gardois), et Emile Deuxdeniers côté lozérien, a changé radicalement le paysage et réduit les risques d'inondation. Les forestiers ont ainsi participé à la transformation des systèmes agraires tout en permettant aux paysans de conserver leur activité agricole dans les terrains les plus favorables.

Les méthodes de reboisement ont permis de reconquérir le massif, en semant 38 tonnes de graines et en plantant 68 millions d'arbres essentiellement résineux, et surtout du Pin à crochets, entre 1860 et 1914 !

En complément des essences européennes, un réseau de sept arboretums a été implanté sur le massif afin de conduire des expérimentations sylvicoles sur des essences exotiques.

Avec le souci de maintenir les hommes en montagne, les terres les plus propices au pâturage ont été conservées, la population s'est en partie maintenue et la forêt s'est réinstallée progressivement. Le reboisement a eu des effets positifs sur la rétention des sols, parallèlement aux travaux de génie civil (murets de pierre sèche, fascines).

Le retour de la forêt

Les travaux de reboisement de la fin du XIXe et du début du XXe s. ont transformé le paysage. En 150 ans, le taux de boisement est passé de 25 à 75% sur le massif de l'Aigoual ! La forêt occupe une large part de ce territoire, même si de vastes milieux ouverts sont également présents (vallée de la Dourbie, pelouses sommitales de l'Aigoual, vallées lozériennes aux paysages ouverts de Fraissinet et de la Jonte, etc.). Les peuplements forestiers sont variés (en forme et en essences, hêtraie, sapinière, pinède), les ruisseaux sont omniprésents, dans une diversité remarquable.

C'est ainsi que les aménagements forestiers qui se sont succédé ont permis de mettre en valeur les peuplements résineux et les hêtraies. La production de bois s'oriente pour le hêtre vers la vente de bois de chauffage et pour les résineux, comme les sapins et les épicéas, la fabrication de palettes, de bois de coffrage et de charpentes, ainsi que du bois d'industrie (papeterie) et du bois énergie. Depuis son installation initiale pour lutter contre l'érosion, la forêt de l'Aigoual joue un rôle socio-économique croissant dans la vie du massif.

Une biodiversité remarquable

Depuis la Renaissance, les naturalistes et botanistes s'intéressent à ce massif. Plus tard, la collaboration entre le forestier Georges Fabre et le botaniste Charles Flahaut, notamment pour la création de l'arboretum de l'Hort-de-Dieu va accentuer le caractère scientifique des études botaniques.

La diversité d'altitude du massif permet à des espèces végétales méditerranéennes comme le Chêne vert ou l'Erable de Montpellier de côtoyer des "reliques glaciaires" des sommets, comme le Lis de Saint-Bruno. Le Parc national des Cévennes a quant à lui inventorié les "forêts anciennes" de la zone cœur et développé un plan d'action de conservation et de gestion.

La présence d'arbres de gros diamètre, le bois mort, les arbres à cavités sont propices à un cortège d'espèces qui y vivent comme les lichens, champignons, insectes, chauves-souris, oiseaux etc. Et par exemple, pour les oiseaux forestiers, la reconquête du massif par le Pic noir et la Chouette de Tengmalm est emblématique. Le creusement par le pic de loges dans les gros fûts de hêtre favorise ensuite la présence du petit rapace nocturne, mais aussi l'utilisation des cavités par d'autres animaux. On peut citer la présence d'oiseaux remarquables comme le Circaète Jean-le-Blanc, le Grand-Duc, mais aussi de mammifères comme la Loutre, et 21 espèces de chauves-souris.

Les enjeux restent aussi importants sur la gestion des milieux ouverts comme les crêtes rocheuses, les tourbières et les pelouses et landes d'altitude qui parsèment le massif. Des travaux de réouverture de ces milieux fragiles sont entrepris par l'ONF en partenariat avec le Parc national des Cévennes par exemple sur les crêtes rocheuses en faveur du rare papillon Apollon, ailleurs pour créer des zones de gagnage pour les cervidés ou encore pour reconnecter des milieux ouverts et des milieux humides sur la haute vallée de la Dourbie.

A lire sur le site de l'ONFavant ou après avoir vu le film, bien sûr!

La forêt de l'Aigoual bénéficie du label "Forêt d'exception"